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l'oeil de shaz
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4 octobre 2008

Milla Jojovitch et moi hier soir

Il fait nuit dehors. J'ai le nez collé à la baie vitrée qui oscille instensiblement. Je sirote ma coupe et picore distraitement dans les petits fours, tout en contemplant ma ville pareille à un coffre de pirate débordant de pierres précieuses. La vision féérique du dehors se mélange aux lumières et au décor du dedans. Je cherche tout là bas mon bureau du regard mais il se cache dans une poche d'ombre à mes pieds. Une musique électro, sortie tout droit de la dernière compilation NovaTunes et servie par deux DJettes sûrement très côtées, couvre les conversations superbement superficielles des afficionadas de la fashion. L'une se plaint que le champagne n'est pas du Dom mais du Ruinart, l'autre que son boy-friend maladroit n'ait pas réussi à tchatcher les hôtesses à l'entrée pour la rejoindre.

C'est plus fort que moi, le vide que je sens sous mes pieds me perturbe. L'ambiance aussi bat son vide et je m'ennuie déjà. Une fois encore j'endosse le costume du loup écorché qui n'a pas à sa place ici et je songe évidemment à repartir. Sentant une présence sur ma droite, je tourne la tête et plonge dans le regard délavé de Milla Jojovitch, l'héroïne des temps futurs sur les grands et les petits écrans. Elle a échangé ses pistolets mitrailleurs contre un petit sac à main et ses rangers contre des escarpins et me semble ainsi encore moins réelle que dans ses films.

Devinant qu'elle s'ennuie aussi ferme que moi, je lui bafouille un bonsoir anodin et distant que les circonstances de la branchitude locale exigent,  tout en me demandant ce que je pourrais bien inventer pour retenir son attention. A peine les mots me viennent que nous voilà, et pour être honnête moi par ma proximité physique de la star,  pris dans un tourbillon de flashs déclenchés par une horde de paparazzis en émoi.

Milla prend des poses pour satisfaire la razzia et me rend ma liberté en me reléguant au vide intersidéral duquel j'avais cru m'affranchir. Je me dis que je pourrais moi aussi très égoïstement prendre une photo de ce visage slave si recherché. Je sors mon appareil et l'enclenche. J'appuie sur le déclencheur et voilà que les cristaux liquides au dos de l'objectif m'ordonnent laconiquement de recharger la batterie. Fin de la séance avec une image floue. Tout en ayant envers ma triste personne une volée mentale de bois vert pour cette navrante étourderie, je m'en prends par la même occasion au Tout-Puissant qui s'ingénue à me m'élever au-delà du commun des mortels que pour ne mieux m'humilier par la suite.

Une pensée me traverse qu'il me sera agréable de snober la machine et de redescendre à pieds pour calmer mes vieux nerfs. La descente sera interminable.

Vous l'aviez compris, j'étais au premier étage de la Tour Eiffel, et il fallait que je sois invité, nourri et abreuvé pour que je m'y rende. Ma réalité n'est pas toujours aussi glamour, mais je garde encore quelques amis dans la mode.

0810_milla

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